Chronique du temps passé
Le tram
Au début de ce siècle, pour se rendre à Belfort, il fallait prendre la voiture postale ou bien, et c’était le plus fréquent, les gens s’y rendaient à pied.
Aussi, quel événement, quand il fut question de mettre en service un tramway qui, venant de Rougemont, passerait plusieurs fois par jour dans notre localité.
En projet depuis 1892, le tracé définitif est adopté en 1906. En 1907, le conseil municipal donne un avis favorable au passage de ce chemin de fer à voie métrique et à vapeur. Mais, sur intervention de la SACM de Belfort, la traction vapeur sera remplacée par des motrices électriques.
Pour permettre l’installation des voies et des caténaires, en janvier 1910, on coupe 54 ares de forêt communale au Petit Bois et en avril de la même année, on abat 39 arbres en bordure de la route départementale.
La ligne Belfort – Rougemont
Longue de près de 20 km, elle est mise en service le 15 mai 1913. Partant de Belfort puis Offemont, elle dessert six localités de la Baroche puis arrive à Les Errues. Là, elle se divise en trois embranchements. Un pour Etueffont, le second pour Lachapelle et le troisième pour Rougemont. Donc en partant de Les Errues cette ligne suit la route nationale puis la traverse après le passage du pont de La Madeleine. Ensuite, elle passe à Saint –Germain en longeant la gauche de la route. A la sortie nord, elle revient à droite pour suivre un tracé plus rectiligne et presque plat, ce qui nécessite de gros travaux de nivellement jusqu’au village de Romagny. Cette ligne sera en service jusqu’en juin 1934.
L’exploitation
Chaque rame de ce tramway est composée d’une automotrice comportant : une cabine de conduite à chaque extrémité, un compartiment de 18 places et un de 12 places. Une ou plusieurs voitures pour voyageurs de 30 places assises (banquettes en bois). Un ou plusieurs wagons à marchandises. Chaque jour, i y a trois passages dans le sens Rougemont-Belfort et trois dans le sens Belfort-Rougemont. Cette traversée du village n’est pas sans inconvénients, il faut que les cyclistes apprennent à ne pas tomber en passant sur les rails. Les cultivateurs doivent surveiller leur attelages, il arrive due ceux-ci se trouvent nez à nez avec le tram. Plus grave, un soir un homme du village a été renversé, il a eu la main coupée. Et quand, pour raison économique, on emploie la traction vapeur, le conseil municipal demande la suppression de cette énergie trop bruyante. De plus, en actionnant exagérément le sifflet avertisseur, les chauffeurs prennent plaisir à effrayer le bétail. Le conseil demande également que dans la localité la vitesse soit réduite à 6 km/h.
La gare
Chaque village traversé possède une gare : un bâtiment comprenant une salle d’attente et le bureau du chef de gare avec guichet pour l’achat des billets de transport. Ce bâtiment est flanqué d’un local avec quai pour entreposer les petites marchandises. Et aussi une voie de stationnement avec aiguillage pour les wagons en attente de déchargement.
La gare de Saint Germain était située en face de la bascule. Après l’arrêt définitif de ce tramway, le terrain et la gare ont été rachetés par la commune en 1937. Puis les bâtiments ont été vendus pour la démolition en 1938.
D'après Bernard Groboillot